Mixité Halieutique en sursis.

Publié le par Thierry Lefevre

De manière générale, beaucoup de pêcheurs s'accordent à dire que la diversité du cheptel présent sur le réseau hydrographique Français est assez exceptionnel et c'est vrai mais pour d'autres, cette diversité poserait problème.Si vous demandez à ces derniers de se justifier sur les raisons qui les poussent à avoir une telle opinion et surtout de préciser quelles sont les espèces qu'ils dénigrent, la réponse est sans appel et la première espèce visée est le silure, arrive en seconde position le sandre et pour les plus cultivés d'entres eux, le black bass serait également une espèce à bannir comme si être adepte de ce poisson ferait s'abattre sur nos têtes une pluie de désolation.

Dans cet imaginaire collectif, l'espèce la plus nuisible serait le silure car dit-on ce poisson est un goinfre invétéré qui a besoin d'une quantité de poisson fourrage énorme pour atteindre sa taille adulte.Cette affirmation est bien évidemment fausse puisque qu'il est scientifiquement prouvé que le silure a un taux de conversion parmi les plus faibles des carnassiers présents dans nos eaux. Le silure n'est pas plus vorace que le brochet ou la perche qui sont les deux espèces empiriquement autochtones mais qui comparativement au silure ont besoin de plus de poisson fourrage pour atteindre cette même taille adulte.

Vient ensuite le tour du sandre qui serait l'espèce la moins controversée et qui n'est pas victime de son image comme le silure puisque c'est un poisson par nature très discret de par son comportement. Le sandre est également un poisson à la chair très prisée des gourmets.

Après tout nous sommes Français et nous portons une grande importance à ce que nous mettons dans nos assiettes et c'est une des raisons qui sauve le sandre. Ce poisson se trouve désormais dans toutes les catégories d'eaux. Des rempoissonnements réguliers sont réalisés depuis une quinzaine d'années dans nombres de plans, un milieu qui lui convient mais le résultat est que rares sont les pêcheurs à le capturer, ce qui en fait le fantôme de nos étangs, presque une légende à certains endroits mais ça fait vendeur pour les AAPPMA. Ces dernières donnent l'impression à leurs membres de bien utiliser les fonds disponibles et de bien gérer cette diversité.

Venons-en maintenant à l'espèce la plus importante à mes yeux concernant cette catégorie des poissons mal considérés, le black bass qui comme le silure et le sandre a été introduit dans nos eaux à la fin du 19ème siècle.Même si le bass est présent sur notre territoire depuis près de 130 ans, il n'en demeure pas moins un poisson assez mal connu et c'est certainement la faute à sa répartition géographique car il est en effet présent à partir de la Loire et jusqu'à l'extrême sud du pays, quelques tentatives trop timides d'introductions ont été effectuées dans la partie nord de la France laissant la population actuelle dans l'incapacité de se développer sur cette partie du territoire Français. C'est d'ailleurs à cause de cette répartition géographique que perdure l'idée que le black bass ne peut s'acclimater au nord de la Loire alors que sur le continent nord Américain,ce poisson est présent jusqu'au Quebec par exemple ou les hivers sont longs et rigoureux.

Habitant moi même dans la partie nord du territoire, je n'ai eu que trop peu de possibilités de leurrer ce poisson de sport formidable et je dois avouer que je n'en ai encore jamais capturé pour le moment (deux semaines de vacances dans le lot prévues l'été prochain devraient résorber ce manque...), je suis néanmoins passionné par ce poisson aux multiples facettes.

Pour reprendre l'expression d'un ami que je salut et qui se reconnaîtra s'il lit cet article, le black bass est un "poisson business".Oui c'est vrai et c'est tant mieux.Le black bass est une mine d'or pour ses amoureux qui comme le silure ou la carpe possède ses propres codes, ses techniques et son matériel. Ce poisson déchaîne les passions et de manière certaine ne laisse pas indifférent, on l'adore ou on le déteste.C'est le poisson le plus pêché à travers le monde, les Américains ainsi que les Japonnais lui voue un culte sans limite, certains pays Européens l'ont adopté sans contrepartie à l'image de l'Espagne ou l'Italie.Chez nous en revanche la partie est loin d'être gagnée, la faute sans doute à notre héritage Gaulois.On peut bien sûr déplorer que ce poisson soit étroitement lié à l'économie mais c'est ce qui fait avancer aujourd'hui notre loisir car la plupart des leurres et surtout des catégories de leurres disponibles sur le marché mondial aujourd'hui on été au départ développés pour la traque du bass même si ces leurres fonctionnent aussi sur les autres espèces de carnassiers donc d'une certaine manière ce poisson,en suscitant autant d'intérêt, a contribué à l'amélioration de nos techniques de pêche mais aussi et surtout à moderniser le regard des autres pêcheurs et non initiés sur notre pratique.

J'ai encore énormément de chemin à parcourir avant de devenir un pêcheur de bass émérite et peut être ne le serais-je jamais (il faudrait déjà que je puisse le pêcher régulièrement...) mais mon engouement pour ce poisson est grandissant et je vais continuer mes investigations le concernant. Il serait également bon de ne pas stigmatiser ses détracteurs, démocratie oblige mais bel et bien d'instaurer un dialogue constructif et argumenté sur les côtés positifs de l'introduction de ce que certains qualifient de nouvelle espèce sans avoir d'ailleurs tort puisque étant quasi absent dans la partie nord du pays à l'exception du Jura où une population significative est implantée. Il serait intéressant de savoir comment s'est faite cette implantation et par quels moyens de persuasion elle a été possible.

Bref, il s'agit bien là d'une longue croisade au dénouement incertain mais tellement captivante et enrichissante alors rejoignez le côté clair de la force.....

 

 

 

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